Label : Autoproduction

Style : Mathcore

Alors celui-ci, on dira ce qu’on voudra : il a clairement tous les arguments pour peser dans le ‘game’ des formations mathcore hexagonales. Et en même temps, dans ce registre là, il n’y en a pas cent-mille non plus. Mais peut importe : il suffit de poser une petite oreille délicate (pas trop quand même, le choc thermique pourrait être violent) sur les deux premiers titres de ‘The Hibakusha Haikus’ pour réaliser qu’avec ORigami geijutsU, on a ici affaire à des gens qui maîtrisent l’art délicat de l’arythmie métallique, de la déconstruction synaptique mathcore ou du moins feutré cassage de vertèbres en mode burné oui, mais technique avant tout.

On prend donc un « Fig 1 » inaugural en travers du visage et déjà, on comprend qu’il va falloir suivre le groupe dans ses circonvolutions folles (« The Randlett Systems » est à ce titre une vraie réussite) comme sa maestria formelle pour le moins sauvage et fracassante. Mais tout cela, en self-control hard quasi exclusivement instrumental (« Trisection On A Leaf », « Paper Yokals Awakening »). Faut dire que le groupe n’est pas que là pour causer chiffon, et c’est armé de rythmiques effrénées qu’il développe une griffe musicale sévèrement testosteronée, à la fougue épileptique qui ne peut décemment laisser indifférent (« Senbazuru »).

« C’est un assemblage déstructuré, énergique et sans concession, à la fois simple et torturé, où la technique se met au service de la musicalité »

Quelque part entre un Converge sous acide, un Dillinger Escape Plan démolisseur de briques rouges (les gaziers sont Lillois en même temps) et un The Number Twelve Looks Like You qui aurait franchi l’Atlantique pour parvenir jusqu’en Europe, en termes de reconnaissance s’entend, ORigami geijutsU déroule son jeu, véloce mais puissant (« Axiom II – Too Slow To Fold »), cérébral mais sauvage (« Differential Geometry »), mathématique mais paradoxalement à la fois instinctif et calculé – on a vérifié à la rédac’, c’est possible une telle chose – le trio (en plus, ils ne sont que trois oui…), fait à peu près ce qu’il veut et ce, quand il veut. Le tout avec une véritable direction artistique insufflée à cet album joliment construit et tout aussi parfaitement exécuté, ça on l’avait compris (la paire « A Rustle Before Silence II – From Nothing » / « A Rustle Before Silence III – To Everyhing » en atteste une fois de plus).

Pas emmerdés par une technicité de pointe qui fait plaisir à voir et entendre, les Nordistes s’offrent quelques petites respirations ci et là, histoire d’aérer le bordel et s’autorisent même quelques petites incartades mélodiques infusées au math-core/métal qui éparpille les neurones façons sport. Mais le réalise avec une classe et un petite zeste de virtuosité pure qui donne toutes ses lettres de noblesse au genre. Et de fait, valide la démarche de cet album solidement usiné et en prime, pas exclusivement instrumental jusqu’au bout puisqu’il recèle un morceau bonus sur lequel le groupe a convié le vocaliste de plusieurs très bons groupes du coin (Left to Wither, The March, Watch Your Six) pour un « Paranoid » plutôt efficace dans un style qui rapproche le groupe du hardcore-punk matiné au math-noise-HxC des familles.

Brillant de A à Z.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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