Label : Basement Apes Industries / Decibels For Us / Dingleberry Records and Distribution / Division Records / Grains Of Sand Records / Vox Project.

Style : Sludge/Crust/Hardcore/Noise/Black-Metal

Qui l’eut-cru réellement avant de pouvoir le toucher de ses propres mains ? Oui, derrière le running-gag d’un musicien devenu community-manager par accident, jouant de la viralité absurde d’une blague potache perpétuée par la force des réseaux sociaux : les Plèvre dont on ne sait jamais à quel heure ils jouent (en gros lorsqu’ils sont ivres et cela peut arriver très vite) sont aussi un « vrai » groupe et ont même sorti un vrai disque en 2015 – aux formats LP, K7 et digital par le biais d’une flopée de labels indé tous plus recommandables les uns que les autres. Un dépeçage un peu tordu de la bestiole s’imposait fatalement.

Intro exclusivement instrumentale et grésillante, un « Incipit » qui fait lentement mais inexorablement grimper la tension avant que « Nausées » ne saute à la gorge de l’auditeur, l’enserrant pour ne plus le lâcher, ce jusqu’à la perte de connaissance totale offrant ainsi aux Plèvre de pouvoir vomir leur venin dessus : le premier contact avec cet EP éponyme est pour le moins abrupt. Une souillure vocale lardée de riffs chaotiques et d’hectolitres de larsens se déversant en flots ininterrompus sur le corps encore tiède de sa victime, on s’y attendait un peu et on en a désormais la confirmation : le premier effort discographique du combo lyonnais est un outrage sans nom à la bienséance sonore.

Un cocktail acrimonieux de sludge/screamo/black déviant et de noise/hardcore largement portée sur la subversion sonore pour un résultat résolument sauvage, toujours emporté par des tempi flirtant avec la frénésie barbare et une envie de tout raser sur son passage à coups de riffs bien brutaux. Salement déstructurés. L’engagement est ici total (« Déni », « Fosse commune »), la prise de risques, sans aucune arrière-pensée ni la moindre concession. Car Plèvre donne dans le hard bien glauque, comme une déclinaison malsaine de ses influences, l’extrême qui n’est pas à mettre entre n’importe quels tympans et prend le concept même de consensus artistique pour le réduire en chair à canon. Bon appétit.

Frontal et asséné sans pitié (un « Summis desiderantes » à la frappe bien lourde, un « Morsure » aux effusion mathcore-punk bien décadentes), le mélange noise/black vs sludge/hardcore vs grind-punk des frenchies ne s’embarrasse pas avec les codes-source des genres qu’il vient ici labourer sans vergogne (« Mammifères »). Sans doute parce que les Plèvre n’en ont rien pas grand chose à foutre des règles ou de ce que l’on aura à redire au sujet de leur musique. Leur truc c’est de foncer dans le tas, de mettre à sac le studio et de compter victimes ensuite en tentant de recoller les morceaux un peu comme ça vient. Et le pire, c’est que ça marche.

L’heure est venue de prendre sa décharge de décibels au préalable hachés menus par le groupe en pleine gueule. Et d’encaisser.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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