Label : Apathia Records

Style : Metal progressif/Expérimental, Black metal/Jazz

Vingt années d’existence pour Orakle et un succès pourtant ‘relativement’ confidentiel, lequel s’explique sans doute en partie par la rareté du quintet français qui a sorti son dernier album en.. 2008 (‘Tourments et perdition’, paru chez Holy Records). Sept ans après et une signature chez le label hexagonal qui monte en termes de musiques à tendance métallique et ouvertement aventureuse voire même expérimentale : j’ai nommé Apathia Records (Abstrusa Unde, Erdh, Oruga, Void Paradigm…), voici que le groupe livre avec ‘Eclats’ un nouvel opus discographique qui marque une nouvelle évolution dans son cheminement musical.

Exit le thrash/death 90’s puis black-metal aussi violent que complexe des débuts puis des premiers albums (‘Uni aux cimes’ 2005, Melancholia Records), la cuvée 2015 d’Orakle œuvre dans une metal progressif aux lointaines textures black qui prend le parti-pris (risqué) de ne s’exprimer uniquement que dans la langue de Voltaire. Et si ce choix paradoxalement les qualités de ses défauts, le résultat est aussi complexe en termes d’écriture que maîtrisé formellement parlant. Pas de souci de ce point de vue-là : ces musiciens sont des techniciens chevronnés qui savent mettre leur savoir-faire éprouvé au service de compositions arpégées et inspirées aux rythmiques changeantes (« Solipses », « Incomplétude(s) »).

Quelque part entre Opeth, Leprous et Fantômas (pour la démarche notamment), Orakle distille avec ‘Eclats’ une musique résolument prog’/metal introspective et littéraire voire philosophique dans l’esprit (« Nihil incognitum », « Apophase »), sans jamais verser dans le cliché d’une œuvre trop intello car perchée. (« Le sens de la terre »). Sans doute car si le groupe a des choses à dire, il y met les formes, développant des motifs toujours plus organiques flirtant avec le jazz, le hard sans violence outrancière mais avec une constante qui ne le lâche pas. Une insidieuse noirceur tourmentée qui habite la partition tout au long de cet ‘Eclats’ qui n’en manque donc jamais (« Bouffon existentiel »).

Peu conventionnel dans son écriture, le groupe aura certes pris son temps mais sa musique est de fait certainement arrivée à pleine maturité. Pas forcément bien accessible certes, elle n’en demeure pas moins parfaitement assumée et en tout point cohérente dans sa réalisation (« Humanisme vulgaire »). Et comme en plus l’objet physique joui d’un packaging particulièrement réussi et d’une esthétique visuelle de grande classe, on se dit qu’Orakle – à défaut de convaincre totalement d’un strict point de vue artistique (l’album manque un peu de ruptures de ton et de tension dans son déroulement narratif) – a le mérite de prendre des risques, d’aller au bout des choses sans chercher le consensus ni à plaire forcément. On valide. Ne serait-ce que par principe et le soin apportée à cette oeuvre qui détonne dans le paysage francophone actuel. Salutaire.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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