Label : Apathia Records

Style : Sludge/Doom/Black-metal

Oruga-chaka ! Voici un peu moins de deux ans après sa sortie officielle via le très pointu label franchophone Apathia Records (Hardcore Anal Hydrogen, Orakle, Pryapisme…), que débarque sur Score A/V ‘Blackened souls’, le premier album d’Oruga, quintet blackened doom/sludge frenchy spécialisé dans le hard velu et grassement protéiné. Un disque sévèrement burné qui, une fois passé le service inaugural de riffs bovins proposé par ses auteurs, ne se prive pas d’alourdir les plats avec des vocalises rugueuses baignant dans atmosphères peu accueillantes.

Fatalement, quand débarque « Heretics », morceau inaugural dudit méfait, on ne vous cache pas que l’ambiance n’est pas vraiment à la franche rigolade. Pour être plus clair, c’est même le genre de truc bien oppressant qui colle à la peau avec sa lourdeur métallique viscérale. Alors forcément quand ensuite le second titre, lui aussi tout en joie de vivre et volupté, enfonce le clou, on ne se marre plus du tout. Mais rien de plus normal chez les Oruga qui donnent allègrement dans la mixture qui tâche et en met plein les artères.

Erigeant un véritable monolithe sonore baignant dans un doom bien marécageux mâtiné de stoner extrême aux relents sludge enrobés de textures metal fleurant bon le black-metal des cavernes, ce ‘Blackened souls’ ne peut décemment laisser indifférent. Et comme le tout vient se sagement lover dans une lenteur lancinante et parfaitement maîtrisée, on a l’impression que chaque riff vient d’être accouché dans la douleur des hurlements qui l’accompagne, pour le plus grand bonheur des inconditionnels de Crowbard, EyeHateGod ou Corrections House (le projet réunissant des membres de Neurosis, EHG, Minsk et Yakuza). Bon appétit.

On s’attend à descendre encore un peu plus dans les tréfonds du doom/sludge et de l’âme humaine, pourtant « Dead among the living » nous fait insidieusement entrevoir la lumière… pour mieux jouer nos espoirs et illusions, car cela ne dure pas et « Disciples » – placé là entre le troisième plat de viande bien saignante et le dessert vient faire replonger (et donc) se perdre l’auditeur vers des profondeurs abyssales. Maladif et pachydermique, ne respirant que faiblement par à-coups, ce ‘Blackened souls’ d’Oruga renvoie aux maîtres du genre en matière de gras dont il s’inspire goulument sans pour autant se limiter à n’en être qu’une pâle copie.

Oruga possède sa personnalité artistique propre et sait revisiter ses classiques en matière de cuisine auditive qui ne peut s’adresser qu’aux gourmets d’un genre un peu particulier. Aussi, de ces textures malsaines qui prennent tout leur sens sur un « Cursed » féroce, l’auditeur en extrait des saveurs particulièrement âcres (et âpres soit dit en passant…). Mais ce morceau en est aussi la démonstration le plus éloquentes. Ce, avant que « Ghosts of Anneliese » ne mette un point final cet album qui place très haut le curseur en termes de qualité et d’efficacité brute. Entre lourdeur sludge/doom et stoner/metal/black poisseux, sale, légèrement déviant même, ‘Blackened souls’ tape où il faut, comme il faut, l’estomac serré, en plein dans les tripes.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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