Label : Aloud Music

Style : Post-Hardcore/Screamo

Avec cette nouvelle chronique, votre serviteur se penche sur ‘Y en paz, la oscuridad’ du groupe barcelonais Ànteros sorti à l’automne 2020 chez leurs compatriotes d’Aloud Music et faisant suite à l’excellent ‘Cuerpos Celestes’ qui se mouvant avec brio entre post-hardcore et post-rock au détour de quelques titres particulièrement ciselés (je pense là à « Polaris » ou « Luna »).

Dès les premiers instants de l’album, le quintet – armé de ses 3 guitares – offre un contraste saisissant entre le très contemplatif « Legado » et l’énervé « Espectros ». En ce qui concerne la partie vocale, les Catalans oscillent entre screams et chants clairs sur tout l’album, entre l’ombre et la lumière, ce qui confère une belle variété dans les structures comme les dynamiques, ce qui n’est pas pour me déplaire. D’ailleurs, en parlant de structures, ‘Y en paz, la oscuridad’ se veut plus progressif que son prédécesseur. Et même si plusieurs titres ont un côté très post-rock avec des alternances de passages calmes et de passages plus ardents, on note la variété des riffs, tous puissants et entêtants. La variété instrumentale est un élément qui est aussi important, avec l’invitation de plusieurs guests à la flûte, aux percussions et aux synthés, ce qui en font une œuvre assez atypique au final.

En ce qui concerne les atmosphères plus tendues, nerveuses, heavy aussi, à l’inverse de ‘Cuerpos Celestes’ où j’étais arrivé en cours de processus, j’ai pu cette fois contribuer dès le début à l’enregistrement des chansons. Normalement Victor est celui qui apporte la structure, un premier diagramme de “blocs” sur lesquels tout le monde va commencer à composer, collaborer et construire par-dessus. Mais clairement, ce qui va peut être se démarquer le plus à ce niveau, c’est peut-être mes influences dans les sonorités, qui viennent plutôt du Rock Classique, du Progressif, du Stoner, du Psychédélique…

Or quand nous sommes allés enregistrer en Galice. Victor, pour des raisons personnelles, n’a pas pu venir et du coup nous nous sommes retrouvés à devoir enregistrer sans lui. Et certaines parties… Et bien nous les avons changées ! Et quand Victor est arrivé, il nous a dit “Les gars! Vous avez changé ces parties, que j’avais composées et maintenant… je trouve que ça ne sonne plus comme je l’imaginais…” (Rubén, chant/guitare)

Atypique en tout cas pour du post-hardcore qui va droit au but si bien que l’on se surprend assez vite à chanter les refrains entêtants de titres comme, « Cenizas ». Le côté “math” et asymétrique de plusieurs pistes est aussi intéressant, puisqu’il juxtapose souvent de gros riffs avec une petite saveur qui renvoie au ‘Watershed’ d’Opeth. Les ambiances rock progressif sont aussi disséminées sur l’album, avec des titres comme « …el pasaje » et « Solo Mar, Solo Tierra », dont le premier a de nombreuses sonorités Zeppelinesques  et le second se termine par une partie qui n’est pas sans rappeler… Toto. On retrouve aussi la lourdeur du doom sur le titre « Sombras » qui place le point de gravité le plus bas au milieu de l’opus. Lequel se termine en beauté avec le très hypnotique « Ultravioleta », dont l’alternance entre passages arabisants, grandeur post-hardcore et solo de classic rock donne un mélange vraiment plaisant.

Chez nous, personne s’est positionné en précisant quel genre nous faisions. Dans un premier lieu, le plus évident était la manière de composer de Victor (guitare et clavier) car il vient de Toundra, donc ça va te rappeler cela, t’influencer, d’une manière ou d’une autre ; et Cándido était dans Viva Belgrado. Du coup, ces deux mondes réunis donnaient à penser au post-hardcore.

Mais chacun apporte ses influences et sa pierre à l’édifice : « El Pasaje » par exemple est un thème que j’ai composé en pensant aux Stone Temple Pilots. Et les autres m’ont dit “On dirait un passage du III de Led Zeppelin”, et pour moi Led Zep est LE groupe de Rock’n’Roll. Et je ne sais pas pourquoi mais en écrivant ce thème, je pensais aux Stone Temple Pilots. Et c’est sûr que l’arrangement sonne Led Zep. Mais au final je ne sais pas trop! La règle est un peu “tout ce que l’on apporte et qui nous plaît est bon”, sans se restreindre à un modèle ou une structure. Si ça nous plaît, alors c’est de qualité.

Mais après oui le final de « Solo Mar, Solo Tierra », sonne très 80’s et c’est très curieux la manière dont nous y sommes arrivés. Le point de départ était une idée qui nous faisait penser à l’intro de « Chlorine and Wine » de Baroness. On la développe et une fois enregistrée, ça sonne comme Toto! (Rires). Et c’est étonnant, car la chanson que l’on utilisait pour introduire notre set pendant la tournée de Cuerpos Celestes était Africa de Toto ! Ça a beaucoup plu à Victor, et de par la blague, le final du morceau est resté tel quel!

Pour conclure, c’est un album très varié, qui donne vraiment à voir les facettes que peuvent fournir les différentes influences du groupe. Si le post-hardcore/screamo domine l’ensemble de l’œuvre, on apprécie beaucoup les variantes d’ambiances et de genres qui sont disséminées ci et là, entre post-rock, rock progressif et musique psychédélique. En clair : un véritable must-have pour qui aime crier et scander des refrains espagnols qui ne soient pas du Hard Rock. Sans doute aussi dans mon top 10 des sorties de l’année.

 

 

 

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