Label : Sunruin Records

Style : Stoner/Sludge/Indus/Metal/Post-Hardcore

Après un EP (‘From the blazing sky at dust’ en 2010, un premier album long-format deux ans plus tard avec ‘Interzone’ et un split avec le groupe A Very Old Ghost Behind the Farm également en 2012), le cinq-majeur nancéien Wheelfall a pris son temps, restant silencieux dans son coin pour façonner son petit chef-œuvre : ‘Glasrew point’. Un double-album conceptuel pour les français qui déboisent sévèrement les tympans à coups de stoner/post-hardcore/indus/sludge/metal burné et quatorze morceaux couchés sur deux disques se situant quelque part à la croisée des chemins entre Godflesh, High on Fire et autres Neurosis, avec un détour par les contrées sonores explorées du côté de chez Swans (celle-là, c’est cadeau, je ne la facture pas…).

Quatre-vingt deux minutes de musiques lourdes et puissantes aux atmosphères claires/obscures aux influences post-modernes héritées des 90’s (si c’est tout à fait possible) le tout surplombé d’une production en titane, ‘Glasrew point’ sonne monstrueusement bien. Efficace aussi. Glacial et clinique surtout. Parce que très clairement, on comprend vite que l’heure n’est pas ici à la franche décontraction des zygomatiques. Une intro qui plonge d’entrée l’auditeur dans l’ambiance avec « I descend into the deep », les titres suivants (« Dead eyes », « Strangers »,…) qui enfoncent les cloisons auditives et le reste qui ramasse les morceaux éparpillés façon sport (« Vanishing point »), Wheelfall s’offre une véritable démonstration de force.

Inarrêtable, le groupe arrache tout sur son passage, bucheronne les amplis avec son cocktail de stoner/rock (très) lourd, de sludgecore/indus obsessif et de post-hardcore organique ; et n’en met pas une miette à côté. Techniquement au point, armé d’un riffing mastodonte livré par camions-bennes entiers, l’album n’est pas simplement une collection d’ogives sonores excellemment produites. A l’heure de repousser ses propres limites, Wheelfall se transcende puis développe ici des atmosphères désolées et contemplatives, entre dépression post-apocalyptique et immersion anxiogène (« Now wakes the sea » ou « Pilgrimage »), trouvant son absolu musical avec l’immense « The drift ».

Noire cendrée ou plus blanche immaculée, mais souvent grise et insidieusement oppressive (« Shelter »), la musique du groupe effleure les contours d’un doom vénéneux voire même par instants de la mouvance drone (« Shape shiter », « A night of dark trees »). Sans jamais se défaire de cette ombre sludge/post-hardcore qui plane en permanence sur elle en louvoyant avec les effluves du black-metal. Et si la mécanique rythmique se veut continuellement implacable – qu’elle soit extrêmement martiale ou plus tribale (« Sound of salvation ») – Wheelfall n’a pas pour autant oublié d’aérer un peu son propos, même si le naturel revient vite sur le devant de la scène (« The skeptic and his shadows »).

Sans compromis ni faux-semblants, le groupe met tout ce qu’il a dans le cerveau et les tripes sur cet album, sorti courant 2015 par le biais du discret mais efficace Sunruin Records (co-géré par l’un des membres du groupe) et en fait assurément l’un des disques majeurs de cette année. La très grande classe.

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PS : Notons qu’au passage, l’édition 2xCD limitée de l’album est complétée par un roman écrit par Blandine Bruyère d’après une idée originale des membres de Wheelfall eux-mêmes.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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