Label : Party Smasher Inc. 

Style : Mathcore/Experimental/Rock/Metal/Punk

Cela devait malheureusement arriver un jour et en même temps, c’est aussi bien dans l’esprit du groupe de le gérer ainsi : ‘Dissociation’ est donc – trois ans après l’excellentissime ‘One Of Us Is The Killer’ – le dernier album studio des (The) Dillinger Escape Plan, lesquels ont soigneusement planifié l’autodestruction du projet avant qu’ils ne soient trop vieux pour ces conneries. Un choix paradoxalement un peu regrettable mais aussi tout à fait louable, dont on se dit que si cela pouvait en inspirer quelques autres sur la scène rock ou metal, ce ne serait pas plus mal (on ne va pas citer de nom, certains se reconnaîtront et si ça peut les vexer, c’est c’est cadeau).

En l’état, ce ‘Dissociation’ est donc le dernier assaut discographique des patrons du mathcore nord-américain (mais pas que…), sorti par le biais de leur propre label – tant qu’à faire… – Party Smasher Inc. (également derrière et avec plus ou moins de réussite Flavor Waster, Giraffe Tongue Orchestra ou Primitive Weapons) avec l’appui des anglais de Cooking Vinyl. Un disque qui dès ces premiers instants de vie, monte au front le couteau entre les dents. Sur-tendu, enragé et gonflé à bloc : l’inaugural « Limerent Death » pose les bases d’un bruyant dernier tour de piste qui porte plus que jamais le sceau du groupe. Furieux et décomplexé, techniquement toujours aussi au point (oui… sans surprise), mathcore sous perfusion punk, metal aux infusions pop, prog’/jazz en quelques rares fulgurances : on l’a déjà compris, DEP va faire du DEP. Et on ne va pas se mentir, c’est exactement ce que l’on attendait.

La suite ne va pas décevoir. Ni déroger à une sacro-sainte règle chez le groupe : en foutre partout, autant en termes de décibels, qu’au rayon expérimentations et digressions bien barrées : en témoignent l’excellent « Symptom Of Terminal Illness » ou le non moins fascinant « Wanting Not So Much To As To » armé de son groove prog-metal nucléaire. Et même quand il ose un intermède que l’on n’attendait pas, Dillinger Escape Plan réussit son coup (il faut toutefois accepter la confusion des genres sur ce « Fugue » en mode jungle-electro percutante et boostée à l’acide). Mais que l’on se rassure, les digressions hors-champs du groupe ne sont pas si fréquentes sur ‘Dissociation’ et l’album offre bien son quotas d’ogives mathcore des familles qui font du bien par où ça passe (« Low Feels Blvd », l’implacable « Surrogate »).

Mais s’il y a une chose que les Américains ne peuvent s’empêcher de faire, c’est de continuellement pratiquer ces petites incisions stylistiques qui font de l’album un véritable kaléidoscope d’influences en même temps qu’un petit laboratoire de recherches musicales permanent. Un disque produit comme ses prédécesseurs par Steve Evetts (qui est un peu le sixième membre naturel du groupe) avec un petit coup de patte de Josh Wilbur (Lamb Of God..), lequel s’est également occupé du mix en compagnie de Kurt Ballou (Converge, etc.). Histoire d’être bien entouré et bétonner des torpilles du calibre d’un « Honeysuckle » ou d’un « Manufacturing Discontent » qui envoient pas mal dans ce registre rock très organique et méchamment burné qui est la griffe du groupe (cf : « Apologies Not Included » et son riffing incandescent).

Pour ceux qui n’auraient pas encore été rassasiés par le joyeux bornel auditif auxquels ils nous ont jusque-là soumis, les DEP passent en mode ‘il y en a un peu plus, je vous le mets quand même…’ et servent sur un plateau une ultime fournée avec le dément « Nothing To Forget » et son cocktail mathcore à cordes aux effluves ‘pattoniennes’ avant un « Dissociation » bouclant une dernière fois la boucle avec classe, ponctuant ainsi une carrière discographique quasi irréprochable de bout en bout.

Respect.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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