Label : Evil Ink Records / Pelagic Records

Style : Alternative-Sludge-Rock/Post-Hardcore/Industriel

Ils avaient frappé fort avec leur premier EP en 2011 (‘Pictures of a floating world’), puis fait très mal à l’heure de livrer un album inaugural bien efficace dans son genre (‘Year of the Snake’ 2014, Bridge Nine Records) : les revoici quasi deux ans plus tard avec un nouvel opus long-format conçu pour tout déboîter sur son passage. Eux, ce sont les Américains de Silver Snakes, encore relativement méconnus en Europe… et c’est d’autant plus incompréhensible que leur talent est inversement proportionnel à leur reconnaissance médiatique sur le vieux continent. Gageons que cela va enfin changer avec leur nouvel effort et ce ‘Saboteur’ qui tourne en boucle sur nos platines depuis maintenant plusieurs semaines.

Un disque sorti conjointement par les labels Evil Ink Records, fondé par le leader de Coheed And Cambria et Pelagic Records (la structure hébergeant notamment Abraham, Cult Of Luna, Mono, Hypno5e ou The Old Wind dont on parle très souvent dans ces pages et derrière laquelle on trouve Robin Staps de The Ocean), pour un résultat blindé – du début à la fin de torpille sonores – qui fracassent les enceintes. Pourtant le premier titre (un « Electricity » relativement convenu), ne laissait pas encore présager de ce que va être la suite, restant alors sur des bases rock un peu trop classiques et prévisibles pour réellement accrocher la cible afin de la verrouiller sur un album qui explose en fait… à partir de son second morceau.

Car avec ce « Glass » qui fait voler les amplis en éclats, Silver Snakes appuient bien fort sur l’accélérateur, font monter la pression et parler leur puissance instrumentale en claquant une belle ogive sludge-rock des familles aux refrains fédérateurs et riffing de patrons. Fracassant et rudement addictif, voici un morceau qui met le groupe sur des bases qualitatives bien plus élevées et le voit enchaîner sans sourciller. Avec le mélodique et ciselé « Raindance » d’abord, puis un « Devotion » sur lequel le groupe inclue des éléments électroniques et industriels dans sa musique. Si bien que l’on se retrouve alors face à un crossover à la fois excitant et détonnant d’influences à aller chercher du côté de Baroness, Torche, Title Fight, Superheaven ou encore Nine Inch Nails. Intense.

Sur les quatre premiers titres de l’album, les Américains ont su proposer quelque chose d’à la fois globalement personnel et impeccablement ficelé, joliment produit et constamment maîtrisé. Pas de raison de changer de méthode, une fois passé le petit interlude ambient-rock instrumental « Fire cloud », le groupe remet les gaz avec un « Red wolf » à la fois puissant et organique, assez peu prévisible et bien ravageur lorsqu’il se laisse emporter dans des éclairs post-hardcore. On vient de prendre encore un éclat en pleine face et les Silver Snakes musclent encore un peu plus leur jeu avec « Charmer », lequel maintient l’auditeur sous pression à la manière d’un Filter de la grande époque (soit avant que ledit groupe ne devienne un cliché de lui-même et de son glorieux passé).

On se pose difficilement et on encaisse alors que les natifs de la Cité des Anges oscillent entre sludge/post-hardcore 90’s et rock industriel synthétique en mêlant habilement rugosité et finesse, pas mal de rage brute et un soupçon de douceur feutrée (« La dominadora »), un peu à la manière des tous premiers morceaux de Puscifer. Mais alors d’un Maynard James Keenan qui aurait frayé avec les Deftones et toute la vague de formations rock/alternatif de la scène de la côte Est des USA (« Dresden »). Pour un résultat électrique et d’une certaine manière habité d’un certain romantisme viril parce que porteur d’une énergie terriblement contaminatrice (« The Loss »).

En clair : un disque superlatif, à tous les niveaux.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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