Label : Epitaph Records

Style : Hardcore/Punk/Rock

Il y a des groupes dont on se dit parfois qu’ils feraient mieux ne pas revenir sur le devant de la scène et laisser derrière eux leur glorieux passé afin de faire un peu de place pour la jeune garde qui pointe le bout de son museau. Il y a donc assez logiquement des albums dont on se dit qu’ils ne devraient peut-être pas voir le jour et que l’on redoute forcément pas mal lorsqu’ils déboulent dans la boîte aux lettres de la rédaction. Et pourtant, une fois passée cette légère appréhension somme toute assez légitime, on se prend au jeu, oubliant un temps les œuvres passées du groupe pour ce concentrer sur le présent. Même si…

‘Freedom’, l’album du retentissant comeback (live au départ, discographique par la suite donc…) des grands mamamushis de la scène hardcore/punk européenne, c’est un peu tout cela. Mais décuplé. Parce que bon, on se pose, on observe le truc dans tous les sens : on ne va pas se mentir, passer derrière ‘The Shape of Punk to come’, dernier album en date du groupe, même quand on s’appelle Refused, on a vu moins compliqué. Et pour les puristes : convaincre les âmes chagrines, ceux-là qui de toutes les façons attendaient l’album le doigt sur la gâchette, deux ou trois chargeurs à la ceinture, près à dégainer pour exécuter l’album, la mission était un peu délicate. On peu aussi les comprendre.

Et pourtant, on doit bien reconnaître que le premier contact avec l’album est des plus réjouissants. Un « Elektra » au riffing fuselé et à la pugnacité flagrante, une grosse envie de s’offrir une seconde jeunesse, de la hargne et un charisme absolu, les Suédois sont bien de retour aux affaires et démontrent qu’ils savent toujours écrire des morceaux qui claquent dans les conduits comme aucun autre. Jusque-là tout va bien. Problème, c’est là que cela va se gâter quelque peu, à savoir que le défaut majeur de ‘Freedom’ est son inégalité particulièrement irritante. Pour un « Dawkins Christ » à l’élégance cinglante, on doit ainsi se farcir un « Old friends / New War » pour le moins poussif.

Quand les natifs d’Umeå (oui, rappelons-le, cette petite cité de quelques 100,000 âmes qui a vu naître outre Refused, Cult Of Luna, Meshuggah et quelques autres), nous envoient dans les écoutilles un « Thought is blood » joliment corrosif, ils ont aussi lâché juste avant un « Françafrique » que l’on essaie encore de comprendre quasiment douze mois après la sortie officielle de l’album. Une jolie plantade ou au mieux semi-ratage dont a toujours du mal à saisir le sens… Même si on peut directement embrayer avec un « War on the palaces » au sous-texte carrément moins cryptique et une jolie exécution rocknroll punky, puis « Destroy the man » et ses petites incartades vocales aussi inattendues que contrebalançant pour le moins habilement les harangues vocales d’un Dennis Lyxzén plutôt en forme.

 On se rassure quand même : le groupe sait encore oser prendre des risques afin de sortir du carcan hardcore/punk bien trop balisé pour lui. Et comme en plus, le groove est au rendez-vous quand les Suédois se lâchent un peu (un « Servants of death » coolissime), ou que finesse et inventivité sont bien présentes (« Useless Europeans » et sa base instrumental à la lourdeur obsédante), Refused remplit quand même très honorablement une grosse partie de son contrat. Pour le reste, les gaziers sont parfois en roue libre et tournent un peu « à vide » (un « 366 » qui érige le concept de « morceau quelconque et oubliable » au rang d’art).

1/3 plus qu’excellent, 1/3 relativement convenable, 1/3 carrément à jeter. Faites vos jeux. En attendant, les Refused – de retour chez la mini-major Epitaph (Bad Religion, Converge, letlive., Retox, The Ghost Inside..) – démontrent qu’ils ne sont toujours pas morts. Et, ça c’est quand même la bonne nouvelle avec en prime un album qui se laisse dévorer non sans plaisir.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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