Label :  Third-I-Rex

Style : Post-Metal/Sludge

Intro éthérée qui s’étire en longueur, portée par un magnétisme vocal à l’étrangeté diaphane, la toute première plongée au cœur de ‘Carmentis’, le nouvel album des solides Italiens de POSTVORTA, sorti chez Third I Rex (LLNN, Lodo, Row Of Ashes, SONANCE,…) se fait toute en douceur, presque inquiétante certes mais qui permet de doucement, insidieusement se laisser happer par la bête qui sommeille encore. Un peu comme du reste sur les premières mesures de « Colostro » même si l’on pressent déjà la déflagration à venir. Ce qui est le cas lorsque le groupe lâche ses premiers riffs et lames de fond vocales. On oublie alors la douceur et on se prend de plein fouet un tsunami sonore qui renvoie pas mal aux titans du post-hardcore que sont les Isis et autres Neurosis.

Un véritable hymne hardcore à l’abandon de soi dans un océan de douleur torrentielle, un cyclone post-metal/sludge : onze minutes et trente-trois secondes d’une odyssée aux confins de la folie à la puissance magmatique rare, le premier ‘vrai’ morceau de ‘Carmentis’ impose sa marque dans un registre que les natifs de Ravenna maîtrise dans les moindres détails. Du coup, forcément, ils enfoncent le clou dans la chair encore tuméfiée avec un « Cervice » qui en rajoute une couche au rayon ‘déflagration instrumentale’. Mais pas que évidemment parce que si le groupe laisse la par belle aux passages où le chant brille par son absence, lorsque celui-ci réapparait, il ne fait jamais le voyage pour rien.

Pour autant, réduire l’œuvre de Postvorta à un thyphon sludge/post-metal serait une grossière erreur. Parce que si le quintet italien se rapproche régulièrement de la lourdeur sauvage et de l’intensité cathartique des Cult Of Luna et autres Old Man Gloom (autant dire que ce n’est pas pour les tympans fragiles quand même), il y a aussi de vrais moments de finesse et d’apaisement (relatifs certes) dans cet album, comme on peut en trouver du côté de Callisto et Rosetta. Quelques motifs plus expérimentaux aussi, un peu à la Year Of No Light et surtout une présence de tous les instants qui fait que quand le groupe prend son auditoire par la gorge ou la main, selon quelle facette de son œuvre il a décidé de montrer, ce n’est pour ne plus la lâcher.

Surtout que derrière cela, se cache un vrai concept narratif puisque les Italiens ont initié en 2015 une trilogie discographique (dont ‘Carmentis’ est le second volet après ‘Æegeria’), évoluant autours des thématiques de la création, de la naissance et plus globalement du cycle de la vie. Une ligne créative que le groupe affirme un peu plus sur l’immense « Patau », où il invite rien moins que lady Mers Sumida (la vocaliste de Black Table) et Tero Holopainen de… Callisto (tiens tiens) en guests de luxe pour emmener leur alliage musical sur des territoires effleurant les rivages du black-metal, le temps de quelques instants d’un climax à la fois tempétueux et quasiment post-apocalyptique en termes d’atmosphères.

Une manière de repousser ses propres limites en emmenant l’auditeur dans ses propres retranchements personnels avant de parachever son œuvre sur un « 13 » en forme de conclusion baroque et plus apaisée. Mais pas moins noire à souhait et toujours aussi bluffant.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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