Label : Atypeek Music // reafførests

Style : Noise/Rock/New-Wave/Post-Punk/Shoegaze

Si Owun demeure encore aujourd’hui trop méconnu, ce même dans nos contrées, son histoire ne date pas vraiment d’hier. Et pour cause, fondé en 1992 du côté de Grenoble, le groupe francophone compte alors cinq membres et enregistre une première démo en 1995 avant d’enchaîner sur son premier album intitulé ‘Petits contes pour grands enfants’, alors remarqué sur la scène indie avec son mélange de noise teintée de hardcore et de new-wave.

Pas mal de dates plus tard partagées notamment avec quelques gros noms de la scène dite « underground » de l’époque (on pense là Cave, Condense, Portobello Bones, Hint ou Seven Hate) et continue à tracer son sentier musical en signant un deuxième opus long-format (‘Sillon’) sorti chez feu Tripsichord en 1998 avant de partir en tournée avec les maîtres du psychédélisme japonais que sont les plutôt Acid Mothers Temple. On est alors en 1999 et peu à peu, le projet se délite si bien que le troisième album du groupe n’est enregistré ‘que’ par trois membres mais voit néanmoins le jour en 2001 sous le nom d’‘Ostensible ?’. Puis plus rien.

Le groupe n’est plus avant de furtivement revenir aux affaires courant 2007 avec les auteurs de l’album ‘Ostensible ?’ aux commandes. Lesquels ensuite rejoints par un quatrième larron vont se remettre à donner quelques concerts avant de se lancer dans un projet d’enregistrement qui donnera naissance à ‘Le Fantôme de Gustav’ qui sort finalement en 2011 et ne manque pas de se rappeler au bon souvenir de la scène indie/noise/new-wave avec un soupçon de shoegaze en sus. Car l’univers d’Owun a, au fil des des années – en même temps que le background de ses musiciens – évolué si bien que le projet vingt-cinq ans après ses débuts ne ressemble plus tout à fait à ce qu’il était au départ. Sans pour autant se renier.

Il n’est donc pas étonnant que le groupe, prenant comme toujours son temps, ait pris la peine de confectionner dans son coin et ce, sur une période s’étendant de 2014 à 2017 un cinquième opus long-format qui voit le jour par le biais du label indépendant local [reafførests] fondé par la jeune Chloée Della Valle (Lynhood…) et le distributeur digital pointu qu’est Atypeek Music (Membrane…), sous le titre ‘2,5’. Un disque, qui voit le temps de quelques neuf pistes audio ambitieuses, les membres d’Owun déployer un susbtrat indie-rock noisy, nappé de shoegaze aux accents post-punk et à la personnalité plutôt très affirmé (à l’image de l’excellent prédecesseur qu’était ‘Le Fantôme de Gustav’).

L’œuvre est plutôt ambitieuse et surtout particulièrement racée, témoignant du talent indéniable de musiciens qui ont trouvé avec ‘2,5’ une seconde jeunesse et une dynamique qui donne tout son pouvoir de fascination à un album dopé à la noise musculeuse mais volubile et à la mixture new-wave/shoegaze/punk à la fois anguleuse et magnétique. Tout Owun est dans ces neuf titres plutôt froids mais pas pour autant totalement déshumanisés, au contraire, exigeants mais ne versant jamais dans l’hermétisme élitiste, pointu mais nullement abscons. Parce que le groupe a – un quart de siècle après ses débuts – encore des choses à dire, tout en maîtrisant parfaitement son sujet en décloisonnant son travail pour le rendre à la fois intelligible et recherché. Obsédant.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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