Label : Closed Casket Activities.

Style : Blackened-Sludge / Harsh-Noise / Noise-Punk

Alors que Full Of Hell s’amuse à faire du teasing studio en compagnie de Nothing (étonnante association il faut avouer), c’est en prenant tout le monde à contre-pied que les américains dévoilent une autre sortie collaborative, conçue cette fois avec leurs amis de Denver, Primitive Man. Le tout étant orchestré par Closed Casket Activities déjà derrière des albums et EP d’excellente facture signés ou END, Harm’s Way, Incendiary ou Vein.fm, c’est dire le pedigree du label.

« C’était comme former une sorte de nouveau groupe hybride, un reflet très spécial de l’amitié qui nous unit.

Nous abordons cette collaboration différemment avec Primitive Man. Nous avons tout ensemble écrit en studio, et considérons que chaque disque collaboratif est un jalon dans notre discographie tout aussi important que nos propres albums » (Dylan Walker, Full Of Hell).

Ces deux poids-lourds du hard se sont donc réunis en studio et en toute discrétion pour réaliser ‘Suffocating Hallucation’. Alors du coup à quoi ressemble un album commun entre ces deux formations différentes musicalement ? Disons qu’avec ce split EP collaboratif, on trouve les traits déjà rencontrés chez l’un et l’autre mais comme cela est présenté en une identité, il est difficile de savoir qui est la tête pensante et l’autre bras exécutant. Mais pour faciliter la tâche, on considèrera qu’il s’agit simplement d’un crossover de leurs univers : une expérience sonore qu’on pourrait qualifier au nom de « Primitive Hell », proposant donc un EP de 5 titres pour 34 minutes, un projet montrant une facette à la fois massive et cauchemardesque.

Le bal s’ouvre avec « Trepanation For Future Joys » où l’on retrouve la touche de Primitive Man, à savoir composer des titres pachydermiques. Mais ici le ton est beaucoup plus abyssal avec une atmosphère vicieuse, comme une véritable invocation de l’enfer. Le rythme présenté est lourd et se traîne en longueur dans un mélange de nuisance aux larsens et riffs plombés, le tout accompagné du chant guttural d’Ethan Lee McCarthy, alternant avec celui de Dylan Walker par son timbre écorché. Le duo est plutôt efficace et s’en donne à cœur joie pour plonger l’auditeur dans un véritable malaise auditif.

 

L’expérience de cette chimère se poursuit et on découvre que cela va monter de plus en plus en pression, notamment avec « Rubble Home », le titre le plus représentatif de cette collaboration rien que pour son jeu de batterie qui martèle nerveusement dans tous les sens montre et montre à quel point ce morceau est colossal. C’est chaotique à souhait : une sorte de magma en fusion prêt à exploser et d’ailleurs, l’éruption survient avec « Bludgeon », sur lequel toute la tension accumulée depuis le départ jaillit de toute part le temps d’un titre orienté grind/hrash-noise où en seulement 26 secondes, les deux groupes nous envoient dans le faussé sans difficulté.

Après ce cyclone de violence, Primitive Hell (ou Full Of Man comme vous voulez…) décide de changer d’aspect s’orientant vers l’expérimentation ambiante sur « Dwinding Will ». On passe véritablement du coq à l’âne bien que cela reste dans le thème de l’album, mais chassez le naturel, il revient vite au galop avec « Tunnels To God » qui enfonce le clou. Ultra minimaliste dans le riff tout en restant écrasant, mais où vient se mêler une sorte de mélodie comme si il y avait une sorte de lueur d’espoir dans cette océan de ténèbres.

Une production lourde signée Andrew Nelson (Harms’ Way, Weekend Nachos…) masterisé par l’incontournable Arthur Rizk (Power Trip, Cold World…), ‘Suffocating Hallucination’ offre une expérience particulièrement puissante à son écoute. Si The Body et Thou avec ‘You, Whom I Have Alwaus Hated’ était la preuve d’un duo pouvant réaliser une bonne dose de noirceur, il faudra désormais rajouter ‘Suffocating Hallucination’ à ce panthéon du hard.

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