Label : MusicFearSatan

Style : Blackened-Doom/Metal

Mais c’est quoi cette odeur ? D’où peut donc provenir cet infâme parfum de gras, entre relents de sueurs et arômes s’échappant des cadavres de kronenbourg 7.2 bon marché jonchant le sol ? Pour être honnête, cette émanation nauséeuse me rappelle pourtant une sensation familière et en creusant ma mémoire, un nom me revient forcément : celui de Cult Of Occult. Tout juste Auguste et il semble que depuis l’époque ‘Five Degrees Of Insanity’, C.O.O ne soit toujours pas sorti de son néfaste alcoolisme.

Pire si j’ose diren le groupe ne laisse aucunement place à l’amour ou la joie de vivre et s’enferme de plus en plus dans la misanthropie la plus crasse, un nihilisme des plus totalitaires. Alors forcément ce nouvel album baptisé gentiment ‘Anti-Life’ en dit déjà long sur son concept. D’ailleurs l’artwork de la bestiole fait partie des preuves et l’illustre parfaitement, dégageant quelque chose des plus noirs et minimalistes. Coté musical, on va la faire courte : les Lyonnais continuent à enfoncer le clou dans un doom maladif (limite ‘funeral’), lent, intense, poisseux.

On préfère prévenir : ce disque est réservé à un public averti. Oubliez-le si vous vous contentez des trucs ultra-rapides et simplistes ou techniques et méchamment alambiqués, C.O.O fait dans le monolithique ou pour reprendre un certain slogan chez les fans du genre « Slow Heavy Fucking Music ». En clair, ‘Anti-Life’ fait très mal tout au long des 53 minutes de cette procession sonore sur laquelle on retrouve les bases du précédent album, sauf qu’ici, il semble que le quatuor ait été bien plus loin, travaillant d’avantage l’ambiance mélancolique qui s’en dégage. Comme si ce résultat était le fruit d’une orgie des plus étranges entre Mourning Beloveth, Primitive Man et Sunn O))). Là on est dans le doom metal et il faut croire que dans ce cercle là, on se lance le défi de qui aura, les morceaux les plus longs.

L’album étant divisé en 4 titres, nommés : « AL », « NI », « TF » et « IE », on pourrait considérer qu’il en est un seul et même morceau de par le rythme comme la durée. D’autant que chacun d’entre eux apporte son petit grain de sel dans cette lourdeur en ébullition permanente. Les parties de guitares et basses sont totalement dépourvues d’harmonie et se cantonnent à de gros accords des plus bas avec l’aide de divers amplis (Sunn Model T,  Concert Lead/Bass) alors que la batterie suit la cadence à grands coups de caisse claire et de cymbales rappelant légèrement l’esprit martial et sentencieux de Godflesh. Il faut que croire qu’ingurgiter autant de bière en cannette(s) arrive à donner la forme à cette matière et on ne peut pas nier que ce breuvage à également des effets sur les cordes vocales, Jean Claude Van Doom hurlant ses psaumes comme un dément, comme si son œsophage et son foie, dans un état désastreux, ne pouvaient que laisser s’exprimer la douleur ainsi.

On l’a compris, avec cet ‘Anti-Life’, Cult Of Occult parvient au sommet de son art. L’album pourrait même trouver une filiation avec ce long-métrage de Gaspar Noé, Seul contre tous pour son coté sale et névrotique, nous rappelant ainsi que la vie et le sentiment de lassitude et de solitude anti-sociale extrême qui l’accompagne parfois, peut pousser à l’hostilité et à la dégénérescence la plus profonde chez l’humain. Ainsi va Cult Of Occult : bière en main et vénérant Satan, démontrant que l’art noir peut encore et encore susciter un intérêt prononcé. Tel un Goya avec « Le Sabbat des sorcières » ou « La lampe du Diable », Edgar Allan Poe avec l’intégralité de ses écrit, le groupe parvient par ce coté négatif à nous séduire, à mettre l’auditeur dans la confiance d’un plaisir des plus obscurs et insolites. Oui ‘Anti-Life’ peut se présenter comme album assez ‘particulier’ : mais les amateurs de doom s’en donneront à cœur joie.

Site Officiel // Facebook // Bandcamp // Shop

A propos de l'auteur

Articles similaires