Label : Basement Apes // Throatruiner Records

Style : Hardcore/Noisecore/Black-Metal

Imaginez le tableau : 300 guerriers (vraiment) pas contents envoyés au charbon dans le goulot des Thermopyles pour se farcir le scalp de dizaines de milliers de Perses, ça peut donner différents résultats, mais rarement autre chose qu’un vrai carnage. Ben Plebeian Grandstand, c’est pareil, sauf que c’est pour les tympans et peut-être un peu les neurones aussi. Ouais bon, vu les quelques neurones perdus lors de l’affrontement on confirme que les mecs nous ont fait un package complet au rayon démolition sensorielle.

Du Hard chevillé au « core » (à corps), des tombereaux de plans bien déstructurés qui nous arrivent à travers du visage, une surtension virale qui s’empare de tout le disque, les Toulousains lâchent la meute et se lancent dans une session d’équarrissage sonore qui ne pouvait décemment que se terminer en boucherie. On ne va pas se mentir, c’est le cas : et c’est violent, malsain, plutôt déviant par moments, comme un mix de Botch et de Converge en mode hardcore chaotique, mais plongé dans un bain d’acide histoire de faire ça propre. La guerre quoi.


‘How hate is hard to define’ ne dure que 35 minutes et quelques, mais une grosse demi-heure à se faire gueuler dessus comme ça, on n’en ressort que difficilement indemne. La concession ? Connaît pas : Plebeian Grandstand arrose les enceintes et quand les gaziers laissent reposer leur sulfateuse métallique, ce n’est que pour contempler le charnier. « Kata Ton Δaimona Eaytoy » et « Ordo Ab Chao' », les deux premiers titres de l’album posent d’ailleurs d’entrée les bases de ce que va être l’album. Bienvenue dans l’Enfer des Toulousains. Là où les conduits auditifs ne peuvent que saigner abondamment après avoir été soumis à un bombardement massif de décibels planqués dans du napalm (death). Parce que le groupe ne joue pas, il punit. Il n’utilise pas ses instruments, il les martyrise.

« Nice day are weak » ravage les amplis : on ne comprend rien aux textes, ça ne fait que gueuler du début à la fin et ce n’est pas grave. C’est même le but affiché. Idem avec « Mein Kopf ist meine heimat », « Easy to hate / hard to define » ou tout autre titre de l’album : ces mecs là ne sont pas pour déclamer de la poésie, mais plutôt pour donner dans la sauvagerie brute. Alors certes, c’est parfois un peu répétitif sur le long terme, éreintant d’un point de vue auditif, mais on n’envoie pas trois cents mecs au turbin face à une armée entière en imaginant que tout le monde va revenir indemne. Et ça Plebeian Grandstand l’a parfaitement compris si bien que le déferlement de violence brute qu’il propose son album constitue une forme d’accomplissement chez lui.

Un affrontement ultime au propos résolument nihiliste (« Pie in the sky », « Don’t expect much from the world’s end »), mêlé de quelques moments de calme (bon relatifs) ne préfigurant que le prochain assaut. Un exutoire hardcore qui, à l’image de son artwork sans équivoque, emmène l’auditeur affronter ses propres limites. Pour les repousser. Et finalement s’avouer vaincu, terrassé par un groupe au sommet de son art.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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