Label : Hell Comes Home

Style : Noise/Math-Rock/Post-Hardcore/Sludge

Alors celui-là, on pourra dire qu’il se sera fait désirer. Un peu moins de cinq ans se sont ainsi écoulés depuis la sortie de l’excellent ‘Meanwhile’, le dernier album avant celui-ci des frenchies de Xnoybis, ce désormais duo noise/math-rock/post-hardcore un peu sludge, aussi discret d’un point de vue médiatique que fascinant au niveau artistique. Faut dire aussi que depuis 2007, le groupe n’a sorti « que » deux albums (‘Solace’ et ‘Meanwhile’ donc en sus d’un split EP 7’’ avec le groupe noise-rock hardcore Pord). Et s’il a continué de tourner dans l’intervalle, il ne s’est jamais mis en avant plus que de raison pour parler de son travail.

Lequel trouve un nouveau souffle à l’occasion de ce ‘Trust fall’, sorti à l’automne 2015 en LP et digital via le label Hell Comes Home (Great Falls, Scientists, Thou…), qui, dès les premières mesures de l’inaugural « Falled with success », incendie les enceintes à coups de gros son âpre et rugueux. Un alliage sonore vénéneux allant autant chercher du côté des Dazzling Killmen, Godflesh et autres Playing Enemy (fait amusant : le label est donc derrière les sorties de Great Falls qui n’est autre que… la suite de Playing Enemy) que de l’Unsane des débuts. Soit quelque chose d’insidieux et rampant, ravageur et aliénant, porté par des vocaux désespérés et une tension émotionnelle à couper au couteau (« A Weakness in The Ankle »).

On ajoute à cela une dimension progressive assumée (« A reculons »), quelques velléités plus noisy-punk frondeuses (« Another compromising scheme ») et le duo balance quelques litres de disto sur des compositions des plus lancinantes, habitée par une violence sourde qui ne demande qu’à exploser à la gueule de son auditoire (« Aleph »). Ce qui finit par se produire lorsque le groupe se lâche dans un cinquième titre aussi fiévreux et engagé que résolument tourmenté et dans le même temps hypnotique. Toujours emporté par ce chant en forme de complainte décharnée hurlée à l’énergie. Brute, instinctive, primale. Celle qui vient des tripes et se fait l’écho de l’intégrité absolue de ces musiciens qui ne se cachent jamais. Même pas au détour de quelques digressions (post-)jazzy finement amenées.

Quant au sixième et dernier morceau de l’album, il offre aux Xnoybis une ultime occasion d’expulser ce qui les ronge dans les conduits auditifs, usant d’une jolie complexité (mais pas trop) dans les constructions instrumentales, afin de donner toujours plus de force d’impact à un propos qui n’en manquait pourtant pas. Pas emmerdé par la technique, le duo poursuit son cheminement musical, en prenant tout son temps (la première démo mise en boîte pour ce ‘Trust fall’ date de 2013) afin de laisser son œuvre parvenir à pleine maturation et ainsi donner lui donner tout le corps et l’intensité qu’elle mérite. Pour un résultat vraiment classe avec ce visuel signé Jerôme Minard qui justifie à lui seule l’acquisition immédiate de l’objet physique.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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