Label : Czar Of Cricket Productions

Style : Post-Rock/Post-Hardcore

Après avoir déjà fait étalage de toute sa classe à ses débuts avec l’immense ‘Over The Frozen Seas’, confirmé sans l’ombre d’un doute tous les espoirs que l’on avait en lui sur l’implacable ‘Aegean’ (2012, Headstrong Music) et signé une œuvre à la fois mature et parfaitement aboutie avec ‘Circles’ (2014, Blue Wave Productons) on ne savait trop quoi attendre d’autre du quintet suisse When Icarus Falls et de son ‘Resilience’ qu’une fessée majuscule administrée cette fois par le biais de l’écurie Czar Of Cricket Productions.

Un titre dans l’heure du temps, à l’image de l’époque troublée que nous traversons, un nouveau label (déjà derrière des groupes comme Palmer, The Burden, Unhold ou The View Electrical pour ne citer qu’eux) et une petite surprise pour débuter : le groupe semble décidé à user du concept de répétitivité jusqu’à la corde avec un « One Last Stand » languissant et qui s’éternise quelque peu lors de la première écoute (ça ira mieux par la suite on doit le reconnaître), mais qui trouve son intérêt de part les textures orientales qui le parsème et le magnétisme qui s’en dégage. Ce, même si on reste encore un peu sur notre faim à ce moment de l’album.

Mais connaissant la propension des Suisses à claquer un climax monstrueux là où on ne l’attend pas forcément, la confiance ne s’échappe pas même si « Into the Storm » nous refait le coup de son prédécesseur et met (volontairement) trop de temps à se lancer. Si bien que ce n’est que vers la toute fin du morceau que les premiers éclairs vocaux nous plongent au cœur de la tempête annoncée. Une très brève éruption rapidement contenue par les premières mesures de la troisième piste de l’album : « The Lighthouse » qui confirme que pour l’instant, le groupe a décidé de voguer dans des eaux postrock relativement apaisées foire trop tranquilles… sauf que c’est justement à ce moment précis qu’il décide de bousculer la narration de l’album (l’auditoire avec) et de laisser perler ses inflexions post-hardcore.

On sent le groupe montant en pression et même si le faux-rythme imprimé a de quoi étonner encore un peu. Le tension gagne énanmoins la partition et enveloppe inexorablement ce ‘Resilience’ qui commence à trouver sa voie. Même s’il manque encore ce petit ‘truc’ en plus qui faisait la verve et la classe intemporelle des précédents efforts du groupe (l’éponyme « Resilience »)… que l’on retrouve toutefois par fulgurances sur un « A Blue Light » aux instrumentations et arrangements merveilleusement raffinés. Lesquels témoignent également d’un engagement émotionnel accru pour un morceau-fleuve qui, le temps de quelques douze minutes (ou un à pine moins) brille de mille feux et nous fait retrouver ce groupe capable de nous retourner les tripes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un peu tardif mais salvateur.

Si l’on peut comprendre le besoin qu’a eu le groupe de changer un peu de spectre musical, délaissant les rivages furieusement post-hardcore et l’intensité cathartique pour naviguer dans des courants plus aérés et post-rock, incluant à leur ensemble quelques textures blues touareg, jazz et parfois même fugitivement électroniques, le résultat, bien que formellement très honorable manque de ce petit supplément d’âme qui fait les grands albums. De cette verve, de cette émotion brute qui nous aurait mis invariablement à terre. Mais, même s’il est techniquement très abouti et d’une cohérent sans faille, ‘Resilience’ n’en reste pas moins parfois un peu plat et frustrant. Dommage.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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