Label : Basement ApesEnjoyment RecordsImminence RecordsDingleberry records and distribution, BAD MOOD RECORDSAshes Cult et Nature Morte

Style : Alternatif / Hardcore / Punk

Alerte maximum, passage en Defcon 0, changement du boxer de toute urgence pour cause de choc thermique imminent. Les frenchies de The Prestige ont un nouvel album et ils ne sont pas contents. Mais alors pas du tout. On oublie quelques instants le pourtant très recommandable ‘Black mouths’ et on se prépare à prendre une belle dérouillée des familles dans les conduits auditifs. Aussi foudroyante que salvatrice. The Prestige est amer (voilà ça, c’est fait) et cela s’entend, surtout se ressent dès le morceau inaugural. Tension extrême, les premiers coups de boutoir instrumentaux qui font de sacrés dégâts dans la tuyauterie, on attend la grosse expédition punitive alors que les premiers éclairs vocaux mettent l’auditoire dans les conditions idoines pour la suite.

Laquelle a pour nom « Bête noire ». Trente-seconde cinq sous haute, très haute pression, le temps pour le groupe de bander les muscles, de mettre les compteurs dans le rouge, faire croire qu’il va continuer comme ça sans pousser plus loin, prendre une respiration et… puis lâcher tout ce qu’il a sur le cœur et les tripes. Le verdict est immédiat : la guerre totale dans les amplis et ce riffing monstrueux qui arrache tout sur son passage atomise l’assistance sans aucune pitié. En matière de hardcore punk métallique à la sauvagerie brute, The Prestige vient de frapper très fort. Intensité plus que palpable, bestialité qui met les cervicales en miettes, le groupe pose là ce que l’on pourrait appeler LA branlée ultime. Deuxième titre et déjà le monde à ses pieds. Le pire dans tout cela ? ‘Amer’ compte onze morceaux au total. Autant dire qu’on va dérouiller sévère.

Textes dans la langue de Voltaire (ceux qui n’y croyaient pas en sont pour leurs frais, votre serviteur le premier), pulsions enfiévrées d’une efficacité rageuse, un charisme qui ne se gène pas pour bouffer la concurrence, une puissance de feu écrasante (merci la prod’ tout bonnement phénoménale), The Prestige est un mastodonte véloce qui a la rage chevillée au corps – hardcore oui… promis après on arrête de la faire celle-là – et transforme tout ce qu’il effleure en or… mais noir. TRES noir. Car on ne va pas se mentir, la musique des Parisiens fait parler la cendre (« Léger de main ») en même temps qu’elle rend un hommage viscéral à la référence évidente et bien classe qu’est Will Haven pour eux (« Voire dire »). Mais on n’a pas vraiment le temps de s’attarder sur le sujet que les gaziers repartent déjà au charbon avec toujours une sacrée envie d’en découdre.

Le résultat a pour nom « Enfants terribles » et met tout le monde d’accord. Point. Le reste se passe de commentaires et le clip que le groupe a du reste consacré à ce morceau lui donne tout le relief qu’il mérite. Car derrière l’énergie turgescente, la hargne contaminatrice et la violence abrupte de la musique de The Prestige, il y a un propos, des expériences de vie que le groupe a tenu à faire partager dans l’album (« Négligée », « Ingénue », « Marquée ») mais également au travers d’un documentaire qu’il a ramené de sa tournée en immersion à Cuba (intitulé ‘Dark was the night, cold was the ground’ et dispo dans son intégralité juste ci-dessous. Un périple et une remise en perspective de pas mal de choses, du quotidien à une certaine vision de la vie, qui se traduisent par les lacérations auditives dont les Parisiens sont les auteurs (« Apaches »).

On est à court de superlatifs et pourtant The Prestige a toujours des choses à dire, ne serait-ce qu’en terme d’émotion pure et cette « Petite mort » qui effleure notre âme avant qu’un ultime « Cri de cœur » ne vienne parachever et conclure cet album au terme d’un énième et ultime assaut signé de la main ensanglanté d’un groupe parvenu au sommet de son art. Celui délicat de la corrosion auditive et émotionnelle qui ne se prive pas de dévorer la platine en cannibalisant les enceintes. Entre colère et désespoir, douleur torrentielle mais étincelle de vie. Sans la moindre concession et avec ce petit truc en plus qui fait les albums appelés à devenir cultes.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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