Label : Kaotoxin

Style : Sludge/Doom/Post-metal

L’intro est fugitive mais très rapidement – et toute en progressions intelligentes – fait monter la pression avant qu’un riffing mastodonte ne secoue sérieusement l’assistance et vrombir le moteur. Par chance, celui des bûcherons de The Lumberjack Feedback a largement de quoi faire pour pousser les compteurs dans le rouge. Le groupe qui livre avec ‘Blackened visions’ son premier album long-format, via Kaotoxin (faisant suite à l’EP ‘Hand of God’ paru en 2013 et un live intitulé ‘Noise in the Church’ l’année suivante), pose d’entrée les bases d’un cocktail sludge/doom post-metal obsessionnel, à la fois lourd et gras, exclusivement instrumental mais toujours de qualité supérieure.

Et si « No cure (for the fools) » met l’auditeur en situation, invitant l’auditoire au cœur d’un univers sonore au sein duquel viennent se mêler au choix les Pelican, Earth et autres Neurosis, en passant par quelques groupes vaguement affilés à la mouvance post-rock, l’éponyme « Blackened visions » va plus loin en déroulant le fil narratif de l’album. Un cheminement qui voit le groupe sortir du cadre des formations ferraillant dans le genre pour en proposer une relecture personnelle et parfaitement assumée. Autant du point de vue de son discours que de ce que le groupe a désormais digéré en termes d’influences. Et qui lui permet de proposer un mélange musical plus aventureux qu’attendu, pas moins maîtrisé d’un point de vue créatif, s’enfonçant allègrement dans les abîmes du hard pour en ressortir meilleur.

Un premier titre relativement long (huit minutes et des poussières) mais jamais ennuyeux et qui va en appeler d’autres, notamment cet « IMereMortal » emmenant l’auditeur avec lui dans des crescendo au caractère épique bien affirmé et un ou deux climax stellaires, la musique du groupe tourne en boucle dans notre psyché bien après que le morceau soit parvenu au terme de son voyage. Pas le groupe nordiste qui, après, avoir déjà sérieusement labouré les enceintes avec les deux premières pistes poursuit son œuvre avec sérieux et une maîtrise sans faille de son sujet (« Salvation »). La production est aux petits soins et la batterie claque de manière à se révéler particulièrement cinglante quand de leur côté les guitares carbonisent les tympans. Et pour cause, il y a deux hommes à chacun des deux postes chez The Lumberjack Feedback.

Et un peu comme chez les Américains de Kylesa à leurs débuts, l’effet produit est assez imparable, surtout quand peu à peu, les frenchies lorgnent discrètement du côté des atmosphères black-metal « à la » Liturgy non sans cesser de proposer un rock terriblement lourd et addictif à la manière d’un Karma To Burn ayant bouffé du Year Of No Light au petit déj’ (« Dra Til Helvete » puis « Mah Song (Horses of Gods) »). En l’état : tour à tour profondément sludge, invariablement doom, post-metal et/ou post-rock selon l’état d’esprit de l’instant, mais paradoxalement rock au sens le plus pur du terme (bon lourd, très lourd par contre..), The Lumberjack Feedback, délivre avec ‘Blackened Visions’ un album particulièrement bien écrit autant que parfaitement exécuté auquel on n’a pas envie d’enlever grand chose au fur et à mesure des écoutes répétées.

Un disque qui propose une vraie alternative aux poncifs du genre et donc un bon courant d’air frais en même temps qu’un gros coup de pied à l’arrière-train d’une scène qui en a parfois besoin. On valide forcément.


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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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