Label : Debemur Morti Productions // Monolith // Tokyo Jupiter Recordings

Style : Post-metal

Après une petite dizaine d’années passées à travailler avec le label Translation Loss Records et une flopée de sorties parmi lesquelles trois albums très remarqués, 2 EPs, 2 splits, quelques incartades – de manière ponctuelle avec quelques autres structures dans le cas de splits collaboratifs (avec Balboa, City of Ships, East Of The Wall, Junius ou Year Of No Light) – et une carrière jalonnée de coups d’éclat artistiques, Rosetta en est arrivé au point où reprendre son indépendance totale semblait être devenue une impérieuse nécessité. Tant du point de vue artistique que pour ce qui concernait la partie “business” entourant le groupe.

Un besoin concrétisé avec ‘The Anaesthete’, un quatrième opus long-format que les Américains ont sorti par leurs propres moyens à l’été 2013 en le réservant dans un premier temps au territoire nord-américain avant de finalement signer un deal avec les frenchies de Debemur Morti Productions (Dirge…) dans l’optique d’une distribution européenne (c’est également d’autres labels, en l’occurrence Monolith et Tokyo Jupiter, qui gèrent les territoire australiens et nippons…). Un disque pour lequel le groupe s’est donc affranchi de toute considération extérieure pour se recentrer sur lui-même et donc un album que l’on espérait plus personnel, plus osé en termes de prise de risques que ses glorieux prédécesseurs. Sauf que non, pas vraiment.

Les premiers titres défilent (“Ryu / Tradition”, “Fudo / The Immovable Deity” puis “In & Yo / Dualities of the Way”) et le sentiment qui prédomine est celui de voir Rosetta tourner un peu en rond, à vide. Alors certes, on ne bascule pas non plus dans l’ennui et par instants, les éclairs post-rock/screamo/post-metal qui parsèment le début de l’album font encore leur petit effet mais l’ensemble manque singulièrement de cette intensité qui faisait la force des precedents productions du groupe. Et si “Oku / The Secrets” relève le niveau à un moment où on ne l’attendait plus trop, musclant son propos pour enfin mettre l’audience à ses pieds, on regrette vite que le groupe n’ait pas mis plus de tension dans sa musique dès le depart.

Surtout que ce n’est pas avec “Hodoku / Compassion” que Rosetta va démontrer la valeur de ‘The Anaesthete’ en s’enfonçant dans les abîmes d’une post-pop prog’ qui ne sied guère. Le résultat est un peu guimauve, pas très original ni élégant, trop « facile » pour un groupe assurément capable de mieux. Ce que tend à suggérer “Myo / The Miraculous” qui nous sort de notre somnolence pour enfin faire parler la poudre et cannibaliser l’attention. Enfin lance, le groupe enchaîne dans la meme veine avec “Hara / The Center” puis “Ku / Emptiness”, évoluant entre Ying et Yang émotionnel, soit entre abrasion émotionnelle déchirante et douceur veloutée du plus bel effet. Une (trop) longue et sans grand intérêt conclusion plus tard (“Shugyo / Austerity”), on resort de cet album avec l’impression latente que Rosetta n’avait pas vraiment la matière pour faire un opus long-format digne de son potentiel mais plutôt un très bon EP.

En l’état, l’album est clairement bien imparfait, succombe par moments à la désagréable sensation du remplissage et malgré quelques belles fulgurances ne tient pas réellement la comparaison avec le reste de la discographie du groupe. Rosetta aurait-il fait le tour de la question ? A ce stade, difficile de se prononcer. La réponse viendra avec le disque suivant ‘Quintessential Ephemera’ paru un peu moins de deux ans plus tard. Sinon pour ce qui est du choix esthétique de la pochette, on s’interroge encore…

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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