Label : Epitaph Records

Style : Emo/post-rock

Déjà huit ans de carrière pour les discrètement omniprésents Pianos Become The Teeth et un virage stylistique à l’heure de livrer leur troisième album studio : ‘Keep you’. On oublie le temps de cet album au moins (qui sait, ils reviendront peut-être à leurs premiers amours par la suite) l’intense cocktail screamo-post-hardcore/rock des débuts et les ravages émotionnels que causait à l’époque le groupe sur les albums ‘Old pride’ (2010) ou ‘The long after’ deux ans plus tard (en passant par les splits en compagnie de The Saddest Landscape ou Touché Amoré) et on garde l’esprit ouvert à de nouvelles (et belles) choses de la part des américains.

Car PBTT est passé du côté de la force tranquille en oeuvrant désormais dans un registre émo-post-rock et via cet album sorti sur un label à l’essence… hardcore et punk soit Epitaph. Oui, la maison de disques derrière Converge, Every Time I Die, The Ghost Inside, Retox ou Refused…) et cela ne semble déranger personne. En découvrant l’album, on comprend rapidement pourquoi.

‘Keep you’ donc et quelques dix morceaux (treize pour la version digitale Deluxe) qui dès le premier, effleure l’âme de l’auditeur avec son substrat sonore apaisé et éclairci (« Ripple water shine »), signe que le groupe a délaissé la rage des débuts pour se plonger dans un songwriting à la fois plus introspectif qu’ombrageux, plus lumineux mais pas pour autant forcément moins désenchanté que par le passé (« April »). Car si cette nouvelle cuvée produite par le groupe de Baltimore (USA), se révèle plus aérienne et fruitée que les précédentes, elle n’en garde pas moins du corps et un caractère des plus affirmés. Moins amer, acide et sulfureux, PBTT parvient pourtant à conserver tout son intérêt (« Lesions »).

Plus émo-post-rock que jamais, flirtant régulièrement avec les frontières d’une pop soyeuse aux vibrantes impulsions électriques et délicieuses envolées émotionnelles, le groupe ferraille désormais quelque part aux côtés de Dredg et Explosions In The Sky en passant par Texas Is The Reason. Et cela lui sied vraiment à merveille. Entre un « Repine » qui dès la seconde écoute et passé l’effet de surprise se dévoile, bouleversant car à fleur de peau ; et ce « Late lives » aux textes inspirés et mélodies encore une fois de très grande classe, Pianos Become The Teeth semble être à la recherche de l’épure et d’une émotion brute, sincère… et la trouve avec « Enamor me » puis « Traces » avant enfin « The Queen ».

Sur cette fin d’album, le groupe enchaine les pépites sans avoir l’impression de devoir forcer son talent, explorant ce ‘nouveau’ registre encore et encore sans jamais se lasser ni perdre l’auditeur en route. La raison tient en quelque mots : certes c’est peut-être très légèrement répétitif dans le principe, mais qu’est-ce que c’est beau… Surtout que le groupe ne se contient jamais (« Say nothing ») et se retrouve dans les nuages avec ces bonus tracks que sont « 895 » ou « Arizona » faisant de ‘Keep you’ un petit bijou du genre et la confirmation que les Pianos Become The Teeth ont tout de grands.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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