Label : Denovali Records

Style : Electronica/Expérimental/Musique contemporaine

‘Feed the tape’, rien que le titre de ce premier album signé Orson Hentschel, petit prodige de la musique indie électronique/expérimentale allemande, est déjà accrocheur. Et si le contenu ne l’est pas immédiatement, la finalité est aussi imparable qu’évidente : on a affaire à un disque au magnétisme latent, aux effluves sonores puissamment addictives et donc à un projet (em)mené de main de maître par une mécanique sonore implacable.

Une architecture à la fois complexe, extrêmement calculée mais limpide dans sa mise en forme (la répétitivité aliénante de l’inaugural « 16mm », « Harmonica » et ses constantes oscillations sonores entre musique néo-classique, electronica et expérimental), une prise de risque permanente et une inventivité cinglante, voici un impressionnant coup d’essai pour un jeune homme à la maturité créative (d)étonnante. Surtout que tout ici est parfaitement millimétré, soigneusement ouvragé avec un souci du détail monomaniaque. L’excellence est à ce prix. Qui plus est pour un premier album.

Entre ébauches mélodiques fugitives et abstractions électroniques littéralement obsédantes (l’éponyme « Feed the tape »), grand-pont dressé entre musiques tribale et contemporaine, le minimalisme racé d’un Steve Reich et les outrances plus personnelles d’un jeune compositeur formé et rompu aux codes comme à la rigueur de la musique classique (« Slow-moving »), ‘Feed The Tape’ bluffe son mode. Et au milieu coule une rivière sonore « Florence » qui permet d’apaiser les sens après les poussées de fièvres du très intense « Noise of the light ». Un petit bijou du genre.

Car le jeune Allemand sait tout faire, preuve en est le turgescent « Shirari » armé de beats pénétrant et d’une esquisse mélodique hypnotique, ou de ce « What’s going on » qui minutes après minutes, fait inexorablement glisser son auditoire vers les rivages consumés de la folie maladive. Une véritable démonstration de force et de maîtrise de la part d’un Orson Hentschel, sociétaire du prolifique mais toujours classe label Denovali Records (Bersarin Quartett, Field Rotation, Saffronkeira, Subheim…), à la fois insaisissable et bluffant, donc à suivre de très près, forcément.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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