Label : Dunk!records, Denses Record & I For Us Records

Style : Doom/Post-metal/Blackened-Post-Hardcore/Sludge

2 ans après le solide ‘This Fall Shall Cease’, on attendait de pied ferme le second méfait long-format des Belges de LETHVM ; ou la promesse quasi garantie d’une bonne grosse déflagration post-hardcore/doom/sludge des familles administrée en bonne et due forme par de solides faiseurs du genre. Qu’on se le dise : ‘Acedia’ ne va pas décevoir une seconde. Mais surprendre un peu. Notamment par son entame flirtant avec les frontières d’un post-black-metal écorché vif (genre littéralement) et cette « Fatigue » inaugurale qui pousse d’entrée les compteurs dans le rouge en nous emportant avec elle dans son vertige de douleur épidermique. De catharsis quasi insoutenable également.

Forcément après une mise en route aussi intense (même si ménageant quelques moments de répit, on leur accordera cela), on aurait été en droit de disons, « espérer », que le calme prenne la suite de cette tempête sonore et… on ne va pas pousser le suspens plus longtemps, cela n’arrivera pas avec « Ananké » qui au contraire s’enfonce dans les tréfonds de l’âme humaine en faisant parler son animalité. Sa bestialité qui ébrèche les tympans de l’auditoire à coups de boutoir doomcore/sludge bien brutaux, mais également de quelques effluves post-rock particulièrement bien distillées. Emporté par ses propres pulsions autodestructrices, LETHVM nous met la tête sous l’eau et enfonce le clou dans les chairs ensanglantées, baignant dans un océan de noirceur le temps d’une longue et immersive procession dans les enfers (« Grey » et ses incisions post-hardcore/rock lourdes certes mais presque lumineuses… ou disons plutôt claires / obscures).

Tourmentée, obsessionnelle, évoluant à la croisée des chemins entre AmenRa, Neurosis, Cult Of Luna (à ses des débuts), Celeste ou encore Hexis, la musique des Belges est un véritable rollercoster émotionnel, une plongée dans les ténèbres du (ou des) genre(s) ici explorés pour un résultat à la beauté cendrée étouffante. Une véritable ode au chaos magnifiée par l’âpreté de morceaux aux constructions amples mais implacables, aux effusions de rage brute et riffing titanesque (« Podavlennost »). Ce avant de s’offrir une petite respiration, pas moins pesante certes, mais un tout petit peu moins violente avec « Oratio », puis de repartir à l’assaut de notre santé mentale avec « Schisme ». Les dernières poches de résistance psychologique se fissurent alors, la déchirure se fait de plus en plus béante et le groupe partage ses blessures de la manière la plus viscérale qui soit, psalmodiant ses textes entre hurlements passionnels et instrumentations terrassantes.

 

On l’a compris, de la première à la dernière note, ‘Acedia’ transpire la souffrance et nous laisse ressortir de son écoute complètement essoré émotionnellement, ravagé par une œuvre d’une densité exceptionnelle, enseveli sous des torrents de lave et de douleur à fleur de peau. Tympans sensibles s’abstenir… d’autant qu’après avoir déjà été éprouvé par cette quarantaine de minute passée au côté du groupe, celui-ci désireux d’imprimer sa marque au fer rouge dans notre psyché, vient parachever son entreprise sur le morceau-titre du disque. Une dernière salve cristallisant ainsi ses aspirations doom, sludge, post-hardcore et même néo-classiques dans un climax étourdissant scellant définitivement le sort de cet album majuscule. Bluffant. Et douloureux aussi un peu.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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