Label : Roadrunner Records

Style : Hardcore/Metal/Black-Metal

On ne va pas se mentir : au départ, en voyant les Code Orange (soit les ex-Code Orange Kids devenus adultes donc…) débarquer dans le giron de l’écurie Roadrunner tout en ayant quitté Deathwish Inc., on n’était pas sereins sereins. Non pas que l’on ait souhaité autre chose que le meilleur pour le groupe qui s’est assurément fait du bien d’un strict point de vue économique en signant en major et en gagnant en force de frappe médiatique (le label est depuis quelques temps propriété et donc filiale du tout puissant Warner Music Group), mais pour la démarche hardcore/punk/métallique bien méchante, pas mal DIY et surtout frontalement agressive, cela semblait un peu remis en question. Presque anachronique quoi. Parce qu’avec les Code Orange, on reste quand même assez loin de la démarche d’un Gojira par exemple, autre membre de l’écurie Roadrunner et aux travaux très respectables au demeurant. Seulement un peu différents dans l’esprit.

Puis le groupe a dévoilé les premiers extraits de son ‘Forever’ et là on a compris. Nouveau label, ‘mini-major’ voire major tout court ou pas, rien à foutre, les Code Orange n’ont rien perdu de leur verve hardcore et le démontrent tout au long de leur album, saignant à point, intense et salvateur. Mais pas que. On va y revenir. En attendant place à l’inaugural et éponyme « Forever » qui déflore et défouraille les enceintes d’entrée de jeu histoire de démontrer qui sont les patrons du game. Décidés à pratiquer la politique de la terre brûlée, sans foi ni loi, les Code Orange castagnent les amplis et font fumer les enceintes à coups de gros riffs qui tronçonnent, de gang-vocals qui aboient et de grosse pression permanente qui écrase toute velléité de remise en question quant à la crédibilité du groupe signé en major. Surtout que la suite ne desserre pas son étreinte mortelle et qu’avec un « Kill The Creator » sévèrement burné, elle affranchit le groupe de son passé récent et montre qu’il est passé au niveau supérieur. A tous les niveaux donc.

La frappe est rude, sauvage, implacable. Le groupe exalte sa propre bestialité et ne semble pas pouvoir calmer le jeu (« Real ») jusqu’au moment où il surprend et dévoile un « Bleeding The Blur » typiquement émo/rock puissamment évocateur et qui s’inscrit pas mal dans la lignée de ce que peuvent proposer trois des quatre membres du groupe au sein de leur side-project ‘rock’ Adventures. Une « surprise » somme toute relative pour qui connaît l’univers global de ces musiciens qui trouvent ici le point de convergence idéal entre leurs différents backgrounds artistiques. Une sorte de « crossover » musical inclus dans l’album entre deux ogives purement métalliques, outrageusement HxC, noires et poisseuses (« The Mud », « The New Reality « …). Lesquelles poursuivent avec une efficacité brutale l’entreprise de démolition que le groupe a entrepris dès le premier titre. Et qu’il parachève avec un petit zeste de black metal post-moderne histoire de rendre l’ensemble définitivement plus hard. Foncièrement thermique dans sa approche créative (« No One Is Untouchable », « Spy »…), surtout doublée d’une véritable radicalité dans son propos artistique.

Par instant post-punk (« Ugly »), ultra moderne dans les panoramas sonores qu’il initie (« Hurt Goes On »), le groupe finalise en douceur mais avec ce petit truc qui fait la différence et un « dream2 » en forme de conclusion douce-amère. Parfaite donc pour un album en forme de proposition artistique parfaitement aboutie, pensée et maîtrisée en termes d’exécution. Un excellent cru, major ou pas, parce que rien ne semble pouvoir arrêter les Code Orange dans leurs ascension vers les sommets du hard. Encore et toujours.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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