Label : Deathwish Inc.

Style : Post-Rock/Ambient/Post-Metal/Sludge/Expérimental

Ils avaient livré entre 2006 et 2008 une trilogie d’EPs sortie en CD, LP et DVD (puis en Boxset « collector » rapidement épuisée si bien qu’on la trouve difficilement sur le marché de l’occasion et quand c’est le cas… à un prix indécent) via feu-Eye Of Sound (Light Bearer) avant de tirer leur référence sur un split LP en compagnie de leur compatriotes de Rinoa courant 2009. On se disait alors que l’on ne reverrait jamais plus – à regret – les Anglais de Bossk sur scène ou sur nos platines avec des morceaux inédits. On se trompait.

On avait d’ailleurs caressé à l’époque le secret espoir que le groupe sorte un album mais il avait donc mis fin à l’aventure avant-même d’arriver à cette étape de son cheminement artistique. Et pourtant, dans le courant de l’année 2013, alors qu’on ne les attendait plus, les Anglais ont discrètement refait surface, avec sous le bras un 7’’ EP intitulé ‘Pick Up Artist b/w Albatross’ paru via Deathwish Inc.. Oui, le label des Converge, Touché Amoré et autres Loma Prieta ou Modern Life Is War – excusez du peu – chez qui le groupe annonçait avoir signé afin de produire (enfin…) et dans un futur plus ou moins proche, un album long-format.

Moins de trois ans plus tard (ce qui après tant d’attente était un moindre mal), le Bossk nouveau débarque donc avec dans ses cartons un ‘Audio noir’ qui marque au passage un léger virage stylistique dans l’œuvre d’un groupe qui n’est plus tout à fait ce qu’il était lors de sa première vie. Exit – au moins un temps – le post –metal/postcore à la frappe très lourde qui prenait aux tripes en calcinant les tympans, le groupe évolue désormais dans des sphères ambient/post-rock avec un petit zeste d’expérimental qui fait tout le sel d’un album qui ne manque pas de surprendre. Car si les premiers instants de l’excellent « The Reverie » font l’éloge d’une douceur élégiaque, la toute fin du morceau laisse entrevoir que les anglais n’ont pas tout à fait perdu la verve hard qu’on leur connaissait.

Impression confirmée par la suite avec un « Heliopause » qui abat la carte d’un sludge/post-métallique tout en abrasion émotionnelle et dynamique imposée à la force du riff mastodonte et de quelques harangues féroces qui font mâl(e). Nul doute possible : on se trompait et Bossk est définitivement de retour aux affaires sérieuses. Mieux, il s’est offert en sus d’un petite cure de jouvence doublé d’une légère remise en question artistique lui conférant une réelle maturité dans l’écriture de ses compositions. Lesquelles oscillent dès lors entre élégance post-rock gracile (« Relancer ») et gros bulldozer sludge-metal des familles (« Atom smasher »), en passant par un single qui calme son monde avec l’excellent et tubesque (si si) « Kobe », brillant (désolé, on fait avec ce qu’on a…).

Organique, tantôt aérien, cinégénique et apaisé, d’autres fois plus tellurique et ombrageux, ce premier album long-format signé Bossk est une petite bombe à fragmentation, sur-excitante et clairement explosif d’un point de vue sensoriel. Entre douceur veloutée et grosse puissance de feu ravageuse, éruptions sonores et panoramas extatiques, ‘Audio noir’ est un album paradoxal, instinctif et viscéral : un Yin/Yang musical épique et salvateur, qui au détour de quelques poussées de fièvre d’une intensité rare (« Nadir », « The Reverie II ») et quelques circonvolutions rock plus expérimentales, se révèle comme une délicieuse invitation à l’orgasme auditif. Et il est très difficile de ne pas y succomber.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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