Label : Pelagic Records // Bloated Veins

Style : Hardcore/Sludge post-apocalyptique

Il y a des groupes comme ça qui n’ont pas besoin de tourner cent-sept ans autour du sujet pour faire sauter la banque : eux en font assurément partie.

En l’espace d’une petite demi-heure de hardcore/sludge apocalyptique et punitif, les bûcherons scandinaves de LLNN atomisent la concurrence à coups de riffing titanesque, d’oppression rythmique inaliénable et de hurlements ravageurs ; leur permettant ainsi de donner une dimension métallique surpuissante à un son HxC / rock lourd et obsessif. Une fessée en bonne et due forme que le groupe Danois, qui s’est formé sur les cendres de THE PSYKE PROJECT, administre sans l’ombre d’un doute, ni la moindre retenue, et qui ravage les enceintes comme rarement. Nous voici prévenu, l’écurie Pelagic Records a encore une fois déniché un groupe de qualité supérieure après avoir déjà contribué largement à faire découvrir des projets du calibre d’Abraham, Earthship, Lo ou The Old Wind. Là, ça calme.

LLNN – RAPTURE [official] from Rasmus G. Sejersen on Vimeo.

On a beau s’attendre à un sacré choc thermique venu du Grand Nord, l’inaugural « Rapture » refroidi sérieusement nos velléités critiques. Car d’entrée de jeu, le quartet natif de Copenhague imprime sa griffe d’ours et annonce la couleur. Il ne va plus desserrer son étreinte maintenant qu’il nous a pris à la gorge. Légitimant le qualificatif de ‘heavy’, LLNN enfonce ses riffs dans les chairs meurtries et érige un véritable mur de son (le si bien nommé « Monolith »). Impossible à abattre, ni même à ébrécher, l’album semble être fait d’un seul bloc ; et même s’il se ménage quelques moments de respiration (ils sont rares mais il y en a), on sait très bien qu’il n’y a qu’un seul objectif derrière : repartir au turbin et enfoncer des cloisons auditives afin de nous terrasser encore et encore.

Et à ce jeu, les Danois ont la santé, compressant les tympans de leur auditoire sur un « Calamity » qui oublie encore une fois largement la finesse pour la remplacer par une énorme démonstration de (sur)puissance brute. Mais sans pour autant négliger l’émotion, violente, déchirée qui transpire également de cette déferlante sonore, synonyme de désespoir latent. Une ambiance pesante de fin des temps sublimée par une production qui met parfaitement en exergue le son du groupe. Epais (l’éponyme « Loss »), rampant le long des murs de studio pour envelopper puis enfermer l’auditeur dans une véritable gangue de plomb, l’emmenant visiter les profondeurs d’une âme tourmentée. Laquelle fuit désespérément un monde déjà partiellement en ruines et pourtant – constat tristement contemporain donc – n’en finissant plus de s’autodétruire lui-même (« Depths »).

Surtout, derrière une éloquence métaphorique assez imparable, l’album joue de son format. Car oui, ‘Loss’ ne dure qu’une grosse demi-heure seulement. Sauf que c’est aussi son aspect compact et ramassé sur lui-même qui fait toute sa force d’impact. A la fois viscéral et cautérisant, ne nous offrant guerre de répit afin de définitivement imprimer sa marque dans notre psyché. Et nos tympans aussi.

Parfaitement implacable.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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