Label : My Kingdom Music

Style : Avant-garde/Ambient/Post-black/Electro/Expérimental/Progressif

On ne va pas se mentir : des projets comme celui-ci ne nous parviennent par wagonnets entiers à la rédaction, mais lorsqu’on en tient un (souvent cela nous vient du côté de la maison Denovali Records mais là… et bien non), on le garde précieusement sur notre radar. Et pour cause, il suffit simplement de poser une oreille attentive sur l’inaugural « Mótsögn » pour réaliser que l’on a affaire à un truc qui sort quand même bien des sentiers battus. Et sourire en pensant aux profanes que l’album va forcément égarer du fait de son caractère à la fois osé et cohérent, ambitieux et risque-tout, mais au final plutôt maîtrisé.

OMRÅDE donc : un projet bicéphale mené par l’hyperactif Christophe Denhez et son compère Jean-Philippe Ouamer. Le second nommé est également batteur du groupe Idensity quand le premier à un CV long comme le bras (6:33 ; Nerv, Mur, Gloomy Hellium Bath, Jarell, In The Guise Of Men…). Leur association ne pouvait donc logiquement donner que quelque chose ne ressemblant à rien de commun et à la fois à plein de choses différentes. Car dès la seconde piste d’’Edari’ (c’est le nom de cet album sorti au printemps 2015 via le prolifique label My Kingdom Music) soit « Mann Forelder », on se retrouve face à un curieux mélange d’ambient tribal et d’electronica rétro-futuriste bien psychédélique. Bon, pourquoi pas…

Mais vu que le morceau d’ouverture de l’album jouait la carte du mélange doom-jazz/ambient aux éclairs post-screamo déchirés, le changement d’orientation a quelque chose qui peut désarçonner. On va vite comprendre que c’est là l’une des idées directrices de l’album et qu’il va donc falloir s’y préparer. Parce qu’avec OMRÅDE, on ne sait jamais à quelle sauce cela va tourner. Electro-rock obsédant à la touche ‘Mike Patton’ (l’excellent « Luxurious agony »), post-black vs electro/pop (l’iconoclaste mais trop bordélique « Satellite and narrow ») ou black/trip-hop d’avant-garde (un « Åben Dør » plus réussi de par son caractère imprévisible et imparable), le duo sait quasi tout faire, a beaucoup de choses à dire et son projet fusionne en permanence d’idées folles.

Parfois trop certes, mais souvent pour un résultat des plus réussis, clairement bluffant même : on pense là « Friendly Herpes » et son mélange electro/world-music puissamment immersif ou « Skam Parfyme » pour lequel OMRÅDE joue avec les ambiances claires/obscures, entre délicatesse tourmentée et violence sourde embrumée. Sur cette (avant)-dernière piste, le duo pousse son concept dans les sphères de l’intime, de la finesse où la déclinaison des nuances se veut à la fois subtil et porté à son paroxysme. Emotionnellement, c’est une réussite, aussi singulière qu’intrigante. Et si le morceau final peut faire peur de part son intro vraiment osée, on reconnaîtra que « Ottaa Sen » parvient à nous emmener là où il le voulait et où on ne l’attendait pas forcément. Difficile d’être vraiment surpris quand on pense à ce que l’on vient de traverser avec le groupe.

Très réussi bien qu’imparfait, ‘Edari’ est un album un peu fourre-tout qui a les qualités de ses défauts (ou est-ce l’inverse ? on ne sait plus trop) à savoir d’être inclassable (tout le monde pensera invariablement à Ulver et Manes et ce ne sera pas forcément faux) et risqué, fascinant mais parfois trop insaisissable, bref un disque de funambules vraiment très doués qui ont des idées à ne plus savoir qu’en faire. Et qui bien souvent en font justement de très belles choses.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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