Label : Golden Antenna Records

Style : Post-Metal/Sludge/Doom

3 ans jour pour jour (ou quasiment) après l’excellent ’12 Areas’ sorti par le biais du ‘petit’ label de leur compatriotes Devouter Records, les Anglais de Telepathy changent de catégorie et viennent boxer chez une pointure en signant avec l’une des pointures européennes qu’est l’écurie Golden Antenna Records (Daturah, Kerretta, O, Phantom Winter, Planks, Radare, etc.) à l’heure de livrer leur très attendu deuxième effort long-format intitulé ‘Tempest’ et solidement usiné par Jaime Gomez Arellano au sein des studios londoniens Orgone (Ghost, Cathedral, Opeth,…).

Un disque dont l’idée centrale est d’emmener l’auditeur avec lui à travers l’éveil de sa conscience, la découverte de l’univers désolé et apocalyptique qui l’entoure avant enfin l’acceptation de sa propre condition ; une œuvre magistrale qui dès les premières secondes et l’introductif « First Light » ouvre la voie à un création effectivement tempétueuse, enfantée par un groupe parvenu au sommet de son art (un « Smoke From Distant Fires » déjà épique). En deux album seulement et à chaque fois une démonstration de force de la part d’un groupe au songwriting de classe mondiale, à la frappe d’une lourdeur considérable et au riffing nucléaire.

La troisième piste de l’album (« Celebration Of Decay ») est le premier climax de l’album : une pièce dense et oppressive laissant s’écouler le temps de quelques sept minutes et quarante-quatre seconde un torrent de sludge/doom/post-metal aux quelques fulgurances black-metal instrumental qui donne (encore) un petit plus d’âpreté à un ensemble qui n’en manquait déjà pas vraiment. Car ‘Tempest’ est un monstre hybride aux tentacules sonores semblant se démultiplier à l’infini et capable d’enterrer n’importe quelle ébauche de critique sous un amas de riffs telluriques mais également ce qui fait tout l’intérêt de l’album : sa propension à générer des émotions, profondes. Viscérales.

Comme sur l’immense « Echo Of Soul » quand, au détour de quelques digressions prog’, le groupe parvient à conjuguer absolument toutes ces qualités sur un seul titre majuscule. Un de plus pour un album qui souffre d’aucune baisse de régime ni de la moindre faiblesse structurelle. A l’inverse, le groupe semble pouvoir se réinventer en permanence et repousser ses propres limites (« Hiraeth ») afin de réussir son coup en emmenant avec lui son auditoire dans des sphères rarement explorées à ce niveau de maestria formelle comme créative (« Water Divides The Tide », « Metanoia »). Bluffant à plus d’un titre alors que les dernières velléités de contradiction cèdent sous le point d’une brève mais brutale accélération (et une double-pédale qui s’emballe exactement quand il le faut).

Entre batterie sentencieuse, élans de frénésie black-metal, écriture ciselée et puissance magmatique, Telepathy exhale à la fois le calme de façade et la rage intérieure, la sérénité apparente et une furie animale, abrupte qui ne demande qu’à exploser tant elle est contenue de force, tapie dans l’ombre afin de donner plus de corps à un propos particulièrement chargé en intensité. Parce que le groupe anglais s’évite toutes les facilités inhérentes au genre (le gros écueil sur lequel viennent régulièrement s’échouer bon nombre de leurs contemporains) afin de muscler un peu plus son jeu et lui donner toute la gravité, le souffle mais également la luminosité qu’il mérite. Et lui sied parfaitement.

Sans aucun doute l’un des formations les plus douées de sa génération, Telepathy vient de confirmer tous les espoirs que l’on pouvait placer en elle et ses membres ont assurément ici accouché d’un véritable chef-d’œuvre : assurément l’un des albums de l’année.

Sinon plus encore…

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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